SPÉCIFICITÉS DE LA GESTALT THÉRAPIE

Qu'est-ce que la gestalt thérapie ?
La Gestalt-thérapie est une approche relationnelle intégrative née dans les années 1950 aux Etats-Unis. Elle émerge des courants de la : psychanalyse, phénoménologie, de existentialisme, sagesses orientales etc.

Le terme « gestalt » provient de l’allemand gestaten qui signifie « mettre en forme, donner une structure ». Cette psychothérapie humaniste présume que toute expérience subjective vécue possède une forme. Cette forme, en mouvement, émerge d'un fond. Elle porte un message à décoder : une émotion, une pensée qui manifeste l'existence d'un besoin profond à honorer.

La Gestalt Thérapie accompagne au mieux ce processus de transformation des tensions inachevées; par l'observation fine de ses manifestations, dans l'instant présent, sans a priori, ni jugement. L'attention porte sur le « comment » et « l’ici » de cette forme. C’est par l’expérience du lien, entre le gestalt-thérapeute et son client, au contact des ressentis que le changement s’opère. Par son soutien, progressivement s'opère :

  • Une prise de conscience de sa manière d’être au monde, dans la relation à l’autre
  • Une mobilisation de ses ressources personnelles soutenant ses besoins
  • Une responsabilisation à agir au-delà de la fatalité pour explorer les options inenvisagées jusqu’alors

La finalité du travail en Gestalt Thérapie est de renforcer votre autonomie. Au contact de vos besoins, à l'écoute de votre environnement, vous sentirez les ajustements créateurs qui concourront à votre mieux-être.

CONCEPTS DE LA GESTALT THÉRAPIE

QUELS SONT LES GRANDS CONCEPTS DE LA GESTALT THERAPIE ?
L’histoire de la Gestalt thérapie est riche et plurielle. Sa structure repose sur un ensemble de concepts et de pratiques tirés des courants théoriques de psychologie du 20ème siècle. Ses principaux fondateurs l’ont façonné jusqu’à prendre sa forme contemporaine.

La Gestalt thérapie s’intéresse à comment fait la personne et non pourquoi elle le fait.
En ce sens, elle s'inspire de la phénoménologie et structure la posture d'accueil du gestalt thérapeute dépourvu d'attente, attentif à ses ressentis. Elle ne cherche pas analyser ou faire des interprétations de ses émotions et de ses comportements mais favorise le contact authentique avec soi-même et les autres dans l’ici & le maintenant.
La phénoménologie est une méthode de connaissance développée par Edmond Husserl. Elle propose la description, de ce que nous observons, en dehors de tout a priori, ie sans interprétation afin de rendre consciente les figures émergentes. En grec phénomein est ce qui apparaît.
Cette notion peut être rapprochée de l’Épochè, qui signifie arrêt, interruption, cessation. En philosophie, et par la suite en psychanalyse, ce terme désigne la suspension du jugement. Les premiers à l’introduire sont les stoïciens au 3ème siècle avant JC. De cette philosophie stoïcienne, le sage ne doit pas donner son assentiment de façon précipitée à chaque représentation (phantasia) qui se présente à lui. Sur ce qui n'est pas certitude, au sens de « représentation compréhensive » le sage ne donne pas son approbation. [1]
[1] Wikipedia, “Épochè” : https://fr.wikipedia.org/wiki/epoche

En Gestalt thérapie l’influence des courants de l’existentialisme de Sartre donne à l’angoisse une place centrale qui guide nos comportements et la manière d’être affecté. Tout être humain compose avec 5 contraintes existentielles fondamentales :

  1. La finitude : notre existence a une fin, la mort est une perspective obligatoire
  2. La responsabilité : la liberté de créer sa propre vie, être conscient de la responsabilité de créer son destin, désirer changer, le décider et agir
  3. La solitude : nous sommes jetés dans le monde, nous sommes seuls. Nous devons apprendre à être en lien. L'amour compense la souffrance de l'isolement.
  4. La quête de sens : la vie n’a pas de sens en soi, c’est à chacun de lui donner un sens. L’absurde est au cœur de l’existence. Comment un être humain qui, par nature, a besoin de sens trouve-t-il du sens dans un univers qui en est dépourvu ? L'engagement peut nous aider à trouver du sens.
  5. L’imperfection : nous ne sommes des êtres incomplets, cette composante peut être chez certaines personnes un processus qui les tyrannise et une source de souffrance.
Aussi, l'existentialisme par ses concepts clés à largement influencé la Gestalt thérapie qui appartient à la famille de psychothérapie humaniste et existentiel.

Elle reconnaît :

  • La primauté du vécu concret par rapport aux principes abstraits. Peut-être considéré comme existentiel « tout ce qui se rapporte à la façon dont l’homme éprouve son existence, l’assume, l’oriente, la dirige ». La compréhension de soi pour vivre, pour exister, sans se poser de questions de philosophie théorique, est existentielle : elle est spontanée, vécue et non savante (on réfléchit mais seulement pour agir)
  • La singularité de chaque expérience humaine, l’originalité irréductible de l’expérience individuelle, objective et subjective.
  • La notion de responsabilité propre de chaque personne, laquelle participe activement à la construction de son projet existentiel et confère un sens original à ce qui lui arrive et au monde qui l’entoure, créant inlassablement chaque jour sa relative liberté.
  • Le paradigme existentiel se fonde sur l'hypothèse que l'angoisse émerge lorsqu'un sujet se confronte aux enjeux ultimes de l'existence.

[1] Thérapie Existentielle Irvin YALOM - Fiche lecture - JoP - PPLE Promo 8 - juin 2016 Page 11 à 19

La Gestalt-thérapie s'est largement structurée aux Etats-Unis par le groupe des 7 dans les années 1950 de manière concomitante avec le courant philosophique du pragmatisme.
Les liens que j’établie entre la Gestalt-thérapie et le pragmatisme sont les suivantes :
  • Réfuter la tentation d’un absolu invoqué par le langage et la pensée dans leur capacité de conception (la Vérité, La Réalité, Le Langage, La Chose en Soi...).
  • Se focaliser sur la proximité de l’homme au monde. De soutenir et d’orienter l’action humaine face aux problèmes vitaux en s’appuyant/demeurant sur et au sein de l’expérience individuelle et collective via la notion de self[i]. La Gestalt & le pragmatisme se dégagent de l’intérêt porté aux fondements de l’objet étudié, refusant de s’engluer dans le « pourquoi ? » et les problèmes épistémologiques ou de légitimation considéré oiseux[ii]. Il se focalisent plutôt vers les questions du « en vue de quoi ? », « pour quel objectif ? », « dans quel contexte ? ».
  • Tous deux se reconnaissent comme une méthode. Cette méthode du pragmatisme, William James (1842-1910) la définit clairement comme une orientation et une attitude qui « consiste à détourner nos regards de tout< ce qui est chose première, premier principe, catégorie, nécessité supposée, pour les tourner vers les choses dernières, vers les résultats, les conséquences, les faits ». (Pragmatisme – deuxième leçon).
  • L’indissociabilité organisme/environnement. Se focaliser et valoriser l’expérience d’ici & maintenant, accessible par le « self », dans un espace-temps donné (au double sens de vécu et d’expérimentation scientifique). S’en suit un rejet de toute normativité extrinsèque du sujet à son environnement. La vérité, la connaissance sont contextuelles, sociales, destinées à orienter nos actions dans l’ordre de nos préoccupations scientifiques, politiques, pratiques... Il y a dans le pragmatisme, « la reconnaissance d’une connexion inséparable entre la connaissance rationnelle et la fin rationnelle ». (Charles Sanders Pierce (1839- 1914). John Dewey (1859-1952) rajoute que ce sont « nos idées, qui d’ailleurs font elles-mêmes partie de notre expérience et ne sont rien en dehors de celle-ci, deviennent vraies dans la mesure où elles nous aident à entrer en relation, d’une manière satisfaisante, avec d’autres parties de notre expérience, à les simplifier [...] ». (Pragmatisme - deuxième leçon). Il considère que l’expérience de l’individu est centrale. Tout autre point de vue, outre qu’il est suspect, entraîne des difficultés logiques et conceptuelles et tout un ensemble de problèmes insurmontables pour lesquels les efforts entrepris pour les résoudre ne nous apportent pas grand-chose.
  • Se placer dans une démarche d’épochè[iii] en Gestalt, ou dépasser le désir utilitariste dans une recherche de vérité de l’instant présent. Dans le premier cas le thérapeute peut pleinement accueillir sans jugement la situation de son patient dans l’ici & le maintenant. Dans le second cas, selon Richard Rorty (1931-2007) « une fois ce dernier pas accompli, une fois les désirs humains intégrés au critère de la “vérité”, les dernières traces de l’idée platonicienne de la connaissance, conçue comme le contact avec un ordre sous-jacent étranger à l’homme, s’effacent. Nous sommes devenus pragmatistes ». Selon le pragmatisme, les jugements de valeurs sont toujours fondés en tant que moyens au sein d’une situation problématique et ne prennent sens que par rapport à ce contexte. Pierce avait d’ailleurs noté et souligné comment nos croyances sont en réalité des règles d’action.[1]

[1] Le pragmatisme au cœur de Gestalt-therapy Vincent Béjà dans Gestalt 2010/1 (n° 37), pages 155 à 174
[i] Self : « processus de ce qui s’échange à la frontière-contact. C’est l’artisan du contact, mobilisé dès qu’il y’a contact. Le self n’est pas une entité fixe il fonctionne selon trois modes/fonction »
[ii] Oiseux : Qui ne mène à rien, est inutile, fait perdre du temps.
[iii] Épochè est un mot grec (ἐποχή / epokhế) qui signifie « arrêt, interruption, cessation ». En philosophie, et par la suite en psychanalyse, ce terme désigne la suspension du jugement.1

Le cycle du contact est une notion clé de la Gestalt thérapie. Il caractérise pour un individu, le déroulement normal, idéal, du cycle de satisfaction des besoins dans le temps. Cette description induit la notion de circularité, assimilée à celle de besoin ; laissant supposer qu’il y a quelque chose à boucler, à terminer, une Gestalt à achever.
  • L'individu sain identifie sans peine le besoin dominant du moment, sait opérer des choix en vue de les satisfaire et se trouve ainsi disponible l’émergence d’un besoin nouveau.
  • A contrario, l'individu névrosé multiplie l'interruption du contact à son besoin ajusté à son environnement.

La frontière contact et le lieu métaphorique des échanges entre environnement et organisme qui simultanément relie et différencie. Pour l’organisme cette frontière est matérialisée par la peau c’est l’organe sensoriel qui permet à la fois de contacter et d’être contacté ce qui implique le passif et l’actif. Elle fixe la limite entre entre « moi » et « non moi », elle est la zone d’échange entre l’interne et l’externe.

Le Gestalt thérapeute s’intéresse à l’expérience à la frontière-contact c’est-à-dire aux sensations perceptions, émotions qui permettent simultanément de se sentir partie prenante du monde et différencié au monde. La relation thérapeutique explore comment le patient repousse ou permet la conscience à ses points frontières. Au travers de l’expérience vécue, elle vise à élargir la portée de sa conscience, de sa liberté d’expression et d’implication dans le contact.

La relation figure/fond est un concept tiré de la Gestalt Théorie. Elle s'apprécie de manière dynamique actualisée en permanence dans la relation à l'autre. Elle est la distinction dans laquelle la figure est la partie du champ perceptif qui se détache du fond, qui s'individualise, tandis que la structure du fond reste indistincte.

Les définitions de la figure (aussi appelée forme) et du fond sont relatives l'une à l'autre. On dit d'une figure qu'elle se détache du fond.
  • La figure est un élément individualisé, ou un ensemble cohérent, perceptif qui se détache du fond.
  • Le fond est un arrière-plan moins différencié, plus homogène, par analogie avec le sens de ce mot en peinture.

Pour illustrer ce concept, la rencontre du client avec son Gestalt thérapeute est constituée au démarrage d'une atmosphère indicible - ici le fond. L'avancé dans la thérapie par le récit du client fera émerger de ce fond, des figures (sensations, émotions). Le rôle du Gestalt Thérapeute sera d'accompagner leur prise de conscience avec en ligne de mire la capacité du client à s'autonomiser.

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