Fritz Perls, juif allemand né à Berlin en 1893 est le fondateur de la Gestalt. Personnage aux 100 vies, aussi génial que peu recommandable il fut successivement neuropsychiatre, psychanalyste aux 4 coins du monde. Caractérisé par un esprit rebelle, mainte fois rejeté, sa pensée rejoindra davantage les dissidences (Ferenczi, Rank, Binswanger, Reich, Jung …) que l’orthodoxie freudienne. Il reste emprunt des milieux libertaires qu’il côtoie (théâtre) et conservera toute sa vie une attirance pour les marginaux et les artistes. Il rencontre Laura Perls et se mari en 1929 malgré les réticences de son entourage.

Laura Perls, étudiante en psychologie, passionnée de danse trouve en Fritz la sécurité de son statut de médecin et la vie de bohème. Docteur en Gestalt-psychologie elle sera impactée par les enseignements existentialistes de Martin Buber et Paul Tillich.

Le couple Perls poursuivra leurs psychanalyses respectives avec H.Deutsch pour Laura et E.Harnick puis W.Reich pour Fritz. La montée du nazisme les oblige à quitter l’Allemagne. Ils rejoignent Johannesburg en 1935 et fondent l’Institut sud-africain de Psychanalyse. Ils poursuivent leur réflexion et publie en 1942 l’ouvrage fondateur Le moi, la faim et l’agressivité. Dans cet ouvrage ils contestent Freud en minimisant la place de la sexualité et réfutent la théorie de la libido. A la place ils s’attachent aux contributions issues de la gestalt-psychologie (lois de la perception, relation figure-fond, etc…), aux travaux de Reich (cuirasse émotionnelle…) et ceux de Smuts (holisme). Et promeuvent les concepts de saine agressivité, l’importance du temps présent et l’approche corporelle.

Las de ma montée du racisme sud-africain les Perls s’installent à New York. Fritz se constitue une nouvelle clientèle et fait évoluer sa pratique. Il rencontre d’abord Paul Goodman, poète engagé, penseur majeur américain qui achève sa thèse de doctorat en humanité dont il sera exclu pour son homosexualité. Les Perls continuent parallèlement leurs recherches empiriques et découvrent le zen avec Paul Weisz, la notion de polarité avec Isidor From, la pédagogie active avec Eliott Shapiro. La rencontre de ces différentes personnalités, rejoins plus tard par l’universitaire Ralph Hefferline constituent le groupe des Sept. En collaboration, en 1951 ils rédigent l’ouvrage de référence Gestalt-thérapie, nouveauté, excitation et développement et entérine l’appellation de Gestalt thérapie pour nouvelle psychothérapie.

La Gestalt est née. Sa richesse émerge dans l’effervescence du collectif empreint de diversité et de liberté. Elle se structure notamment à partir des courants suivants :

• Psychanalyse par la conservation du protocole de la cure
• Existentialisme de Sartre et Beauvoir
• Théorie du champ emprunté à K.Lewin qui manifeste l'indissociabilité de l'individu avec son environnement
• Phénoménologie de Husserl qui appréhende la réalité telle qu'elle se donne, à travers les phénomènes au-delà des représentations héritées du vécu
• Bio énergie de Reich par l’essentialité de l’expression non-verbale et du toucher
• Gestalt-théorie par sa manière singulière d’aborder les processus de perception et représentation mentale
• Psychodrame de Moreno et la dimension transformation créative magique de l’art
• Philosophies orientales comme le Taoïsme, Bouddhisme Chen Yen ou tantrisme, zen etc.

Elle constitue une approche théorique et méthodologique incontestablement visionnaire,"puisqu’elle comporte dès son origine nombre de propositions ressemblant aux avancées les plus récentes en matière de théorie psychothérapeutique, voire même psychanalytique"

Après la mort de Fritz en 1970, les membres du groupe fondateur dont sa femme Laura et certains étudiants comme Isadore From, développent les fondements théoriques de la Gestalt et en assurent la diffusion dans le domaine de la psychothérapie. Plusieurs instituts émergent de cet héritage avec en ligne de 2 mouvements complémentaires:

• Le mouvement East Coast en Californie qui place l’accent sur une thérapie engagée, corporelle et émotionnelle
• Le mouvement West Coast à New York qui se focalise davantage sur la théorie du self

L’implantation de la Gestalt en Europe démarre en Allemagne où elle imprègne les secteurs de la psychothérapie, de l’enseignement et des organisations.

En France, dès 1971, plusieurs psychothérapeutes formés aux États-Unis proposent des séminaires de Gestalt. La traduction et la publication de Gestalt therapy sont réalisés au Québec en 1977 et 1979. Dans les années 1980, plusieurs instituts sont créés en particulier à Paris avec Anne et Serge Ginger, à Bordeaux avec Jean-Marie Robine, à Grenoble avec Jean-Marie Delacroix, puis à Nantes avec Jacques Blaize et à Bruxelles avec Nicole de Schrevel.

Désormais le mouvement de la Gestalt en France est porté par le manifeste des 7 institutions de formation historiques toujours actives. Ensemble elles s’accordent sur une exigence de qualité et se reconnaissent mutuellement.

• L’EPG (Ecole Parisienne de Gestalt – 1981), l’IFFP (L’Institut Français de Formation Psychocorporelle - 1986) et l’IFGT (L’Institut Français de Gestalt Thérapie - 1986) à Paris,
• Institut Grefor (Gestalt-thérapie REcherche FORmation – 1981/2003) à Grenoble
• l’ILFG (Institut Limousin de Formation et Gestalt-thérapie - 1987) à Limoges,
• Gestalt + (Gestalt Plus - 1998) à Rennes
• Champ-G (Institut de Gestalt-thérapie du Lien - 2001) à Marcq-en-Barœul.

Ces écoles sont accréditées au niveau européen par :

• EAGT (European Association for Gestalt-Therapy)
• L’EAP (European Association for Psychotherapy) qui délivre le CEP (European Certificate of Psychotherapy)
• FF2P (Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse)